28 août 2013

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Le retour de l'attaque des retraites

Cotiser toute une vie pour ne jamais en profiter. N’est-ce pas là au fond la vision de la retraite parfaite (enfin pour le marché) ?

Pas la peine de reprendre mes billets de 2010 sur la réforme des retraites de l’UMP de changer les noms et de republier, ce tweet de Jean-Marc Ayrault datant du 10 septembre 2010 en pleine mobilisation contre la réforme suffira pour saisir l'ampleur de la déception et de la colère.


L’annonce de cette énième réforme des retraites par le Premier Ministre est évidemment une arnaque pour le travailleur dans la droite ligne des précédentes.

Arnaque. 43 ans de cotisations lorsqu'on décroche un premier véritable emploi à 26 ans en moyenne, ça nous conduit à 69 ans pour obtenir une retraite à taux plein, à la condition de ne pas avoir connu de période de chômage (Hi-Hi) et de ne pas être dégagé à 56 ans du "marché" (âge moyen aujourd'hui constaté). Cotiser plus longtemps parce que, parait-il, nous vivrons plus longtemps (oui Marty, je l’ai vu avec ma Delorean !), veut tout simplement dire, chers lecteurs, que beaucoup d’entre vous, spécialement les moins de 30 ans, ne toucheront jamais de vraie retraite comme vos parents (oui les mêmes qui gardent leur abattement de 10% sur l'IR). 

Arnaque. L’espérance de vie avancée comme argument magique est le résultat de gains passés (notamment de la diminution du temps de travail, la généralisation des soins remboursés), et ne peut en aucun faire l’objet de projection sérieuse. Spécialement dans un contexte ou de plus en plus de Français rechignent à se faire soigner faute de budget, et ou l’on peut attendre 5 ou 6 heures aux urgences pour se faire recoudre sa tête ouverte (vu cet été). De plus, on ferait mieux de parler d'espérance de vie en bonne santé. Et là, les chiffres font mal, surtout pour les ouvriers (dont la santé défaille en moyenne à 59 ans). 

Arnaque. Puisque les meilleures années avant d’être perclus de rhumatismes sont précisément entre 60 et 67 ans, et que ce sont également les plus pénibles pour travailler.

Arnaque. Prétendre régler le problème des retraites en 2035, le jour où l'on annonce une nouvelle hausse de la baisse de la hausse du chômage, c’est moyen pour la crédibilité.

Arnaque. Le "coût du travail" (qui n'est que de la richesse décalée pour l'entreprise) n’est pour rien dans cette histoire. Ou plutôt, le problème est pris à l'envers. Augmentons les salaires et les cotisations suivront (Et en attendant on vivra mieux). D'après l’INSEE, en 30 ans les salariés récoltent 9.3% en moins de toutes les richesses produites en France, soit 100 milliards d’euros allant par an dans la poche des actionnaires. Il y a peut-être un début de piste là non (enfin je veux dire pour un gouvernement socialiste) ?

Arnaque. Nous parlons d’un déficit d'environ 20 Milliards d'euros en 2020. Oui, 20 milliards. Précisément le montant de la  somme que le Ministre des Finances, criant aujourd’hui au « ras-le-bol fiscal », à donné aux entreprises via le Crédit d’impôt Compétitivité Emploi en le ponctionnant sur le pouvoir d'achat des français. Oui. Au nom de la "compétitivité" alors que certaines entreprises bénéficiaires du cadeau ne sont même pas soumises à la concurrence, et que l'on appris cet été dans le Journal Officiel qu’il n’y aura aucun contrôle de l’utilisation des fonds. Oui parce qu'au départ c’était pour créer des emplois.

C’est bon de rire parfois.

Bon. C’est pas tout ça, mais on se retrouve dans la rue le 10 septembre prochain (oui comme la date du tweet du Premier Ministre).

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6 comments:

El Fredo a dit…

"43 ans de cotisations lorsqu'on décroche un premier véritable emploi à 26 ans en moyenne, ça nous conduit à 69 ans pour obtenir une retraite à taux plein, à la condition de ne pas avoir connu de période de chômage (Hi-Hi) et de ne pas être dégagé à 56 ans du "marché" (âge moyen aujourd'hui constaté). "

C'est dingue, je vois cette erreur partout. Donc un petit rappel salutaire : 67 ans (65 avant le passage du cyclone Nicolas) est l'âge où tout un chacun a un droit inconditionnel à une retraite à taux plein. On a le droit de partir avant (62 ans) mais si on n'a pas assez cotisé on subit une décote assez sévère. L'augmentation de la durée de cotisation ne change pas l'âge du droit au taux plein.

Donc dans ton exemple, si tu commences à cotiser à 26 ans et que tu as la chance de ne jamais connaître de période de chômage, avec 41.5 annuités comme maintenant tu devrais bénéficier du taux plein à 67.5 ans contre 69 avec 43 annuités, voire au-delà si on inclut des trimestres non cotisés (chômage ou autre). MAIS MAIS MAIS, dans tous les cas tu as droit au taux plein à 67 ans, quelle que soit ta durée de cotisation. Donc cette augmentation de la durée de cotisation ne change absolument rien pour les travailleurs qui sont dans cette situation. Au pire ça obligera les cadres qui ont eu la chance d'avoir une carrière complète à reculer un peu leur date de départ, et ce ne sont pas les plus à plaindre convenons-en.

Seb Musset a dit…

Comme je le précise en introduction. La réforme n'a pas vocation a être efficace mais a distillé peu à peu chez les jeunes génération l'idée (et la certitude) qu'ils n'auront pas de retraite complete, et donc, qu'ils vont devoir cotiser à des organismes privés (coucou nos amis assureurs et banquiers). C'est la clé de la réforme, de la précédente, et des prochaines. Il n'est pas question d'assurer un futur aux retraités, mais bien de fournir du fric aux assurances et aux banques pour les 30 prochaines années.

Anonyme a dit…

@El Fredo

Le "taux plein" est une chose, mais la durée de cotisation compte toujours dans le calcul de la retraite.

La formule pour le régime général est la suivante (http://vosdroits.service-public.fr/particuliers/F21552.xhtml) :
Montant de la pension = salaire annuel moyen x taux de la pension x (durée d'assurance au régime général de sécurité sociale / durée de référence pour obtenir une pension à taux plein).

"Avoir le taux plein" signifie juste que le paramètre "taux de la pension" sera à 50%, sa valeur maximale. Ce qui va changer avec la réforme c'est la "durée de référence", on voit tout de suite que ça va baisser le montant de la retraite.

Au passage on peut noter que lorsque on ne cotise pas assez longtemps, cette formule revient à appliquer une sorte de "double peine" : non seulement le taux de pension est minoré mais la division "durée d'assurance / durée de référence" devient elle aussi inférieure à 1). C'est à mon avis tout à fait scandaleux (mais ça n'a rien de nouveau), la retraite devrait être proportionnelle à la durée cotisée, point barre.

Par contre une erreur qu'on retrouve ici (mais qui ne change pas grand chose au fond de l'article) c'est que le chômage n'est pas forcément catastrophique pour la retraite (d'un point de vue individuel hein, au niveau collectif évidemment c'est un jeu de vases communicants), en effet le chômage indemnisé compte pour la durée d'assurance. (https://www.lassuranceretraite.fr/cs/Satellite/PUBPrincipale/Salaries/actu/Chomage-retraite?packedargs=null)

Mickey a dit…

Il faut être clair, le système actuel n'est pas viable.

Ils veulent une transition lente vers un système par capitalisation, mais aux mains des copains.

La seule solution : prendre les devants !

qlss.fr

Toutatis a dit…

Il n'y a pas de différence fondamentale entre la capitalisation et la répartition. In fine, ce sont toujours les actifs qui financent les inactifs. Dans un cas c'est par des prélèvements sur les salaires, dans l'autre c'est par des dividendes ou remboursements d'emprunts payés par les entreprises, qui sont autant en moins pour les salaires. Au final kif-kif.

Il y a quand même une différence. C'est que la répartition repose sur l'existence d'une communauté, d'un collectif. Alors que la capitalisation c'est l'atomisation, le chacun pour soi. Sous sa forme la plus libérale (libertarienne) il n'y a même plus besoin d'organismes privés spécialisés, chacun gère son fric comme il le veut. Si on croit qu'il existe une communauté on est donc pour la répartition. C'est là qu'apparaissent les contradictions de la gauche, puisqu'elle fait tout son possible pour dissoudre la communauté essentielle : la nation, pour la remplacer par quelque chose de flou qui semble incapable de souder les gens.

Anonyme a dit…

@Toutatis

Bien d'accord, au fond tout cela est une histoire de répartion entre les travailleurs et les retraités. Mais du coup il me semble peu cohérent d'essayer de « régler » le « problème » des retraites indépendamment de l'ensemble des autres questions touchant la répartition de la richesse.

On a une partie des gens qui travaillent, et la richesse ainsi créée doit être répartie entre l'ensemble des personnes composant le pays : travailleurs, retraités, chômeurs, malades, écoliers, étudiants... En prenant ces questions séparément on ne règle rien, voir la réforme en cours qui va surtout transformer des retraités en chômeurs, ce qui n'a rigoureusement aucun intérêt pour le pays.

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