14 juin 2009

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Vie de droite : Clash à la supérette

Caniculaire après-midi de juin dans une supérette du VIe arrondissement de Paris :

Sur la pointe des pieds Poupilou, jeune adulte un peu gauche à la barbe mal taillée, cherche dans le rayon du haut la dernière boite medium-hot d’un pot de salsa Old El Paso pour les tacos de "Cœur". Sa concubine, chargée de clientèle a la Banque Nationale des Pourris, a laissé ses consignes nutritives pour la soirée sous la forme d'un post-it couleur prune à l'écriture appliquée collé bien en vu sur ce hub de communication pour les tourtereaux aux horaires décalés qu'est la machine à expresso :

"20h20 : Diner Mexicain"

Embarrassé par sa sacoche de commercial en peau de plastoque contenant son trooperwar pour le repas du midi, le trentenaire peine. La sueur coule sur les tempes de l'homme. Il est fébrile à l'idée que les tacos et le verre de limonade 0% ne soient pas disposés comme il faut dans les assiettes carrées sur la table basse Heil-kea lorsque sa moitié de revenus reviendra de la mine climatisée. Après quelques semaines d'adoucissement du discours pour cause de plan de soutien impopulaire, sur les consignes du chef de secteur, Coeur pomponnée renoue avec sa joyeuse tradition, à savoir la jongle entre deux options :

- "Monsieur Misère, vous êtes encore à découvert !"


et

- "Monsieur Crésus pourquoi ne vous endetteriez-vous pas un peu plus ?"

Heure de retour estimée de Coeur : Juste avant Plus belle la vie. Il ne reste que trois heures à Poupilou et cette maudite boite de salsa lui échappe des doigts à l'injuste motif qu'il est trop bas ! Déjà deux supérettes en rupture de stock, maudits grévistes. Si le sort s'acharne, il va devoir aller chez le traiteur, Quiche de pain ou Kwick Beurgeur.

Arrive sur son flanc droit, Georgette Baron. C'est la prototype standard des dames âgées plutôt thunées qui noyautent le quartier, rageant sur les velib' alors qu'elles sont au milieu des pistes cyclables et éparpillant les ardoises dans des petits commerces de moins en moins conciliants. Age dur à déterminer : Entre cellophane et déliquescence suivant les surfaces piquouzées au Beau-tox low-cost. Voyant ce jeune en plein effort, sans un bonjour, l'adepte des petits plaisirs solitaires lui demande d’une voix sèche :

- "Où puis-je trouver le lait concentré sucré ?"

Poupilou stoppe net sa quête au taco. Une idée impropre traverse l'esprit du maillon faible : "Tiens mon costume de jeune signifierait donc que je suis 1 / un esclave 2 / un esclave à qui l’on s’adresse comme un chien ?" Profitant de ce moment de vide, Georgette Baron s’impose.

- "Non parce que là je cherche partout, je trouve rien, c’est vraiment mal rangé ce magasin !" Lui claque t-elle d'un regard qui signifie "toi, mon petit gars, un mot à la direction et tu te retrouves au pôle emploi !"

Comme le bourge, même et surtout croulant, a une prédisposition manifeste à la haine et à se faire servir sur le champ, à Paris 6 comme dans la téci la tension peut vite monter d’un cran. Par chance, Georgette n’a pas de canne : Poupilou se serait fait péter les tibias.

- "C'est quand même invraisemblable ce magasin !" Reproche t-elle à un Poupilou qui fond dans ses converses.

Poupilou de Cachan, envoyé en mission commerciale par son boss en arnaques à la téléphonie dans une échoppe du centre des richards, n'est pas encore fait aux us et coutumes du quartier. Mais, du stage au mariage, ayant intégré la soumission comme facteur d'évolution trans-catégories, devant la pression gériatrique (renommée depuis le 7 juin 2009, la force des 28% qui votent encore) et alors que les vigiles postés à l'entrée du magasin commencent à s'intéresser à cette tête de Tarnac, il avoue gêné :

- "Mais je travaille pas ici M'dame... Je suis client comme vous."


Laminé par la détermination de Georgette et son regard de braise, Poupilou baisse la tête et lâche un fiotteux :

- "Le lait c’est par là M'dame."

Pas un merci, pas une excuse, Georgette Baron s’en va ronchon, des fantasmes au Karcher plein la tête.

- "Quelle génération de mollassons !"

Poupilou, lui, à défaut de condiment ad-hoc se prendra encore la saucée.

VDD.

ci-dessous : "Poupilou" (source : doudouplanet.com)

4 comments:

Gwendal Denis a dit…

Ben dis-donc ! C'est la jungle dans VIème !
Je rigole, mais chez moi ils sont non-seulement majoritaires, mais en plus ils votent... Pire, ils se reproduisent.

Denis a dit…

Bonsoir,

1) j'ai pas trouvé poupilou sur doudouplanet.com. Es Tu sur de tes sources ?

2) Comment vas tu faire pour le dérober celui-la ? Parce que bon un site internet ça ne se vole pas aussi facilement que la FN_C( sauf avec une fausse carte bleu )

3) la signature VDD c'est pour ? "Votre Dévoué D???"

Bonne nuit :)

Seb Musset a dit…

1 / Les sources sont vérifiées. Malheureusement, "Poupilou" est en rupture de stock. Gros hit 2008.

2 / J'en ai déjà un. (prévoyant)

3 / VDD = Vie de Droite.

Anonyme a dit…

vive la campagne !!! et son petit SHOPPI de SALLEBOEUF, ou quand une mamie me demande de lui recuperer une conserve sur l'étagére du haut , je le fait avec le sourir et la satisfaction que mon 1.92 m. a rendu service a quelqu'un. le petit supermarché ou l'on vous commande votre eau minérale préférer pour Vous faire plaisir.

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